Ce quota vient s'ajouter à celui des chasses scientifiques que l'Islande a reprise en 2003 après y avoir renoncé depuis 14 ans : cela porterait le nombre de prises dans les eaux islandaises à 69 au total, y compris les baleines capturées pour les besoins de la chasse dite scientifique, indique dans un communiqué le ministère des affaires étrangères Français.
L'Islande, après avoir été membre de la convention baleinière internationale (CBI) pendant de nombreuses années, était juridiquement contrainte par le moratoire de 1986 interdisant la chasse commerciale. Elle a quitté la convention dans les années 90 et n'y est revenue qu'en 2002, en faisant cette fois une réserve sur cette disposition. L'Islande rejoint ainsi la Norvège et le japon qui chassent toujours des baleines sous prétexte de recherches scientifiques. Le moratoire de 1986 interdisant la chasse commerciale se trouve une nouvelle fois bafoué, tout comme il l'est déjà au travers des chasses scientifiques pratiquées par le Japon depuis plus de 16 ans et plus récemment par l'Islande, dont les véritables motivations n'ont rien à voir avec la science, souligne le cabinet de la ministre de l'écologie, Nelly Olin qui a immédiatement condamné cette décision.
Cette annonce a attiré également de vives critiques de la part de la communauté internationale, notamment du gouvernement britannique, qui a appelé l'Islande à reconsidérer sa décision, et des experts du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Pour le Dr. Joth Singh, Directeur de la Protection de la Faune et de l'Habitat d'IFAW, la chasse commerciale est une industrie obsolète et inutile qui aurait dû cesser il y a un siècle tout comme l'utilisation des lampes à huile de baleine. Le gouvernement islandais devrait soutenir l'industrie croissante et florissante de l'observation des baleines sur ses côtes plutôt que d'engloutir des fonds et sa réputation politique dans la promotion de la chasse, ajoute-t-il.
Mais selon le gouvernement islandais, cette décision ne menacera pas les espèces menacées ou en danger puisqu'il estime que la population de baleines Minke s'élève à près de 70.000 dans l'Atlantique nord et centrale dont 43.000 présents dans les eaux islandaises. En ce qui concerne les rorquals communs, il y a environ 25.000 animaux, des estimations approuvées par le comité scientifique de la CBI, souligne le communiqué.
La Commission Baleinière Internationale (CBI) a été créée par la Convention de Washington (1946) dans un contexte de surexploitation des grands cétacés. À l'origine destinée à assurer « la conservation judicieuse de l'espèce baleinière et, partant, de rendre possible le développement ordonné de l'industrie baleinière », la CBI s'est progressivement donnée pour mission la conservation des baleines.
Toutefois, la CBI connaît depuis quelques années une crise dans sa mission de conservation, explique le ministère des affaires étrangères Français. Notamment due à un texte fondateur souple permettant à ses membres de contourner ses décisions, y compris les plus importantes telles que le moratoire sur la chasse commerciale de 1982 (par le droit d'objection - article 5 ou par le droit à la chasse scientifique - article 8) mais aussi à une diplomatie active du Japon visant à élargir le camp des chasseurs et à obtenir la majorité simple, actuellement détenue (à quelques voix près) par le camp des protecteurs dont la France fait partie. Toutes ces dispositions sont contraires à la mise en œuvre sur le long terme d'une politique de conservation de ces espèces, dont la plupart ont été surexploitées à 80% de leurs effectifs initiaux jusque dans les années 1980,déplore le cabinet de la ministre de l'écologie.
Le Ministère de l'Écologie et du Développement durable a annoncé qu'il agira afin qu'un véritable débat au sein de la CBI ait lieu sur les modifications qu'il convient d'apporter à la convention pour qu'elle devienne un instrument international moderne de conservation des cétacés.
En juin dernier, lors de la réunion de la CBI à Saint-Kitts-et-Nevis, les pays partisans de la chasse emmenés principalement par le Japon, l'Islande et la Norvège avaient pour la première fois et avec une courte majorité, obtenu le vote d'une résolution à portée déclaratoire recommandant la reprise de la pêche à la baleine à des fins commerciales. La prochaine session de la CBI doit se tenir à Anchorage, en Alaska, du 28 au 31 mai prochain.